SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 12:56

On connaît le goût de Sébastien Thierry pour l’absurde et le surréalisme, ainsi que sa férocité pour l’homme contemporain bourgeois, lache et à l’occasion raciste.

L’idée de base de la pièce, tous les malheurs petits ou grands que subit une femme de ménage agissent simultanément sur sa patronne, nous semblait pleine de promesses.

Et la toute première partie de mise en place, sans créer l’hilarité  déclenche quelques sourires. Puis, très vite, on perçoit que l’outrance sera de mise. Outrance dans le récit qui déploie le n’importe quoi, outrance dans le jeu des comédiens.

Cerise sur le fiasco, l’interpretation de Dany Boon et de Valérie Bonneton, en tout cas ce jeudi soir, laisse aussi à désirer. 

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 23:00

Bien que déjà vu en février 2018 au théâtre 13, cette représentation de Raoul ravit toujours autant et procure les mêmes sensations et le même enthousiasme : 

Dans les spectacles de James Thierrée (la veillée des abysses, au revoir parapluie, la grenouille avait raison...), les personnages se débattent contre les éléments déchaînés, des animaux étranges, les objets du quotidien facétieux. Thierrée nous emporte dans des univers oniriques, mêlant rêve et cauchemar, drame et comédie, habillés de décors grandioses où cohabitent les étoffes les plus souples et le métal le plus rigide. Le tout dans une richesse créative rare.

Raoul n'échappe pas à la règle avec pour particularité de ne mettre en scène qu'un seul personnage interprété par James Thierrée. Dans ce spectacle, créé en 2009, Raoul vit seul dans une cabane perdue sur une sorte de banquise, ou tout au moins un monde hostile. Dans sa solitude, il se bat contre un dédoublement de personnalité, un étrange bestiaire, sa maison et les objets qui s'y trouvent. Seule la musique lui apporte le repos jusqu'à ce qu'à son tour elle n'en fasse plus qu'à sa tête. Tout s'écroule autour de lui, le laissant prisonnier et totalement dépourvu sur cette terre hostile jusqu'à ce qu'il décide de quitter enfin l'apesanteur de ce monde.

James Thierrée fait ici la part belle à la danse. La beauté de ses chorégraphies se marient parfaitement avec son univers où cohabitent prestigiditation, acrobatie et mime Jamais, son travail  ne nous aura autant renvoyé à celui de son grand-père, Charlie Chaplin. L'immense richesse créative du spectacle impressionne également particulièrement. Combien d'idées géniales, drôles, émouvantes, surprenantes habitent ce spectacle ? Elles se succèdent  à un rythme soutenu. Et quand Raoul prend enfin son envol, le public célébre le génie qui s'est déployé sous ses yeux pendant plus d'une heure trente.

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 12:08

Le débat d'entre deux tours des élections présidentielles de 1988 réinterprété par Jacques Weber et François Morel.

On avait oublié, qu'à cette époque, les politiciens en débat savaient s'écouter sans trop s'interrompre. On réentend les petites phrases vachardes entrées dans l'histoire. On est surpris de certains arguments de Jacques Chirac. On sourit jaune à leur position face au Front National ou à leurs souhaits de rassembler...

Jacques Weber est parfait en Mitterrand paternaliste dominant et faisant sans cesse la leçon à François Morel en Jacques Chirac qui contrôle ses emportements bien difficilement.

Un duel délectable.

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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 00:31

Dans un HLM de Saint-Etienne vivent Enée, Rock, Anissa, Céleste, Bakou puis Grinch et Mourad qui semblent revenir de loin. Tous unis par des liens différents, mais qui ont en commun cette fatalité d'être nés dans le camp des perdants. Un jour, alors que l'immeuble est l'épicentre d'un tremblement de terre, Rock annonce être atteint d'un cancer.

Fabrice Melquiot nous propose une fable sur des exclus qui subissent en silence et sans faire de vague même quand tout semble s'effondrer. 

La première heure et demie est réussie. Les dialogues simples mêlent langage urbain et poésie du quotidien, drame et humour, dont celui du désespoir.

La scénographie, au procédé déjà vu mais particulièrement bien utilisé ici, est très plaisante. L'immeuble, un bloc de béton, occupe toute la scène, tournant sur lui même et présentant les différents lieux de vie, dont la cage d'escalier.

 Dans sa dernière partie, la pièce se disloque, multipliant, dans une frénésie un peu ridicule, les références aux minorités de tous bords, avançant un message mystique qui apporterait réconfort à ces mal lotis. La pièce perd son regard tendre, abandonne son dessin d'un malheur quotidien pour se parer de références et de dialogues qui se voudraient sans doute profonds mais qui ne décollent pas. En s'étirant en longueur, la pièce s'enlise dans une certaine naïveté, porteuse de maladresses qui peuvent s’avérer gênantes. 

Pourtant, on tient sans trop de lassitude pendant 2h45 happés par l’interprétation d'une qualité exceptionnelle. A commencer par celle de Maurin Oles, dans le premier rôle du fils, puis Philippe Torreton, le père et Rachida Brakni, la femme aimée, qui incarnent avec la force qu'on leur connait. Dans le rôle du copain de toujours, Vincent Garanger, amuse et émeut en un même instant. A leur côté Frédérico Semedo, Bénédicte Memba, Riad Gahmi et dans un rôle plus ingrat, Nathalie Matter existent pleinement. Une très belle troupe.

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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 23:12

Bien qu'elle n'ait pas eu besoin de l'affaire Weinstein pour revendiquer son féminisme, Sophia Aram consacre son 4ième spectacle aux femmes, aux tabous et oppressions plus ou moins violents qu'elles subissent.

Sur ce sujet plus politiquement correct que les sujets abordés dans ses trois précédents spectacles qui étaient bien couillus (expression qui ne lui ira sans doute pas du tout), Sophia Aram prend le risque de perdre de sa singularité. 

Et effectivement, la férocité qui fait sa marque de fabrique manque de réel appuie sur ce sujet souvent abordé par les humoristes. Ses angles d'attaques surprennent peu. Bien sûr, on retrouve une plume, une qualité d'interprétation ; les personnages qu'elle dessine sont toujours plus vrais que nature, sa tante Fatiha, une instit' très pédagogue, une prof d'argot, une ado qui a peur que les hommes deviennent des femmes... Mais, au final, A nos amours, où l'on rit souvent et qui interpelle aussi, souffre de la comparaison avec ses précédents spectacles aux sujets plus inédits et au traitement plus original. La verve et le talent de Sophia Aram s'y exprimaient de façon bien plus percutante. 

Lire les critiques des précédents spectacles :

Du plomb dans la tête (2008)

Crise de foi (2012)

Le fond de l'air Effraie (2015)

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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 17:05

Daniel Auteuil interprète et met en scène le Malade Imaginaire dans une version que l'on imagine assez proche de ce qu'en faisait Molière. L'affliction, la manipulation et le romantisme se côtoient, tous trois baignés, dans le grotesque et la farce.

Totalement, perdu et manipulé, trop bon et trop crédule pour être maître de son propre jugement, le Argan d'Auteuil est, dans ses colères, ses émerveillements, ses inquiétudes et sa naïveté, proche de l'enfance. L'acteur s'en donne à cœur joie. Sans jamais tomber dans le sur-jeu, son interprétation est parfaitement dosée.  

Il s'est entouré de comédiens qu'il sert merveilleusement, sans les écraser. De la toute jeune interprète de Louison à Alain Doutey en passant par Aurore Auteuil, qui est parfaite en poil à gratter d'Argan, chaque comédien existe pleinement.

Ils évoluent dans les beaux et signifiants décors de Jean-Paul Chambaz et les costumes de Charlotte Betaillole. La mise en scène de Daniel Auteuil, par contraste avec l'énergie donnée aux déplacements de son entourage, souligne l'enfermement d'Argan. Et résume en deux scènes, celle sensible d'entrée et celle carnavalesque de l'épilogue, la tonalité de la pièce, à la fois burlesque et touchante. 

 

 

 

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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 23:58

Aux Etats-Unis dans les années 50, deux bras cassés tentent de s'emparer d'un diamant  précieusement gardé dans une banque.

Que cette pièce ait reçu le Molière de la meilleure pièce comique en 2018, est-il un indicateur de la pauvreté de la création des théâtres ou du piètre jugement des votants ?

L'ensemble repose sur un comique de situation à base de gags plus éculés les uns que les autres et, de plus étirés, jusqu'à la corde.
Le mauvais goût fait régulièrement sont apparition et les dialogues sont d'une pauvreté abyssale. 

Les comédiens sont parfaits et l'intervention à quelques occasions de trois musiciens live nous tire un peu de notre ennui. 
Lorsque soudainement une scène originale, inventive et drôle intervient, elle souligne encore plus la faiblesse du reste du spectacle.

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3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 11:00

Yolande Moreau et Christian Olivier rendent hommage à Jacques Prévert, poète et dialoguiste.

La comédienne et le chanteur sont accompagnés par Serge Begout, à la guitare, Pierre Payan aux clavier, cuivres, scie musicale et Scott Taylor à l'accordéon aux cuivres et percussions.

Poèmes, chansons, aphorismes, Christian Olivier et Yolande Moreau les jouent et les chantent, seul ou ensemble. Le choix des textes varié rend justice à l'étendue des préoccupations de Prévert, thèmes graves ou légers, de la guerre, l'injustice faite aux petits, aux ridicules de l'homme et à l'amour. La gravité et l'humour se succèdent et se côtoient  dans une très belle scénographie en sépia et noir et blanc, jouant avec les ombres sur les rideaux d'arrière scène derrière lesquels passent parfois les musiciens.

Un très beau spectacle à voir jusqu'au 10 février

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12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 10:03

Pour sa réouverture et sous l'impulsion de son nouveau directeur, Jean-Luc Choplin, le théâtre Marigny présente une très belle et fidèle adaptation du film Peau d'ane de Jacques Demy.

Dans un impressionnant décor de forêt tout en hauteur, agrémenté de miroirs judicieusement positionnés pour accentuer la féerie et, plus prosaïquement, la profondeur de la scène, une vingtaine de comédiens-chanteurs interprètent le conte de Perrault sous la forme décalée imaginée par Demy. Si certaines scènes sont raccourcies, l'ensemble reste très fidèle à l'original. Les anachronismes, repris même différemment, sont bien présents jouant un effet comique efficace. Les costumes sont majestueux (à l'exception incompréhensible, de la robe couleurs du temps),  les décors qui se déploient tous dans la forêt sont simples, parfois très surprenants et parfaits pour un conte. Le metteur en scène a fait le choix discutable d'utiliser un rideau en avant scène qui, lors d'apartes, isole les comédiens du décor en place ; certaines scènes se jouant même en partie derrière le rideau ; l'effet crée plus de frustration que d'intérêt. Les mouvements de scène sont judicieusement intégrés à l'histoire.

Les interprètes, dont la troupe, sont parfaits à commencer par Marie Oppert (Peau d'ane) voix cristalline et interprètation juste, Olivier Fredj (le prince) voix douce et enthousiasme adolescent communicatif, Emma Kate Nelson (la fée des lilas), accent américain et fantaisie subtilement dosée, parfaite pour qu'aucune insurmontable comparaison avec la divine Delphine Seyrig ne soit tentée. Seules les interventions de Claire Chazal, heureusement très courtes, déçoivent. Que fait-elle là et pourquoi le fait-elle si mal ?

Et puis, il y a les chansons de Demy et la musique de Michel Legrand qui a repris subtilement sa partition et y a ajouté quelques parties pour habiller la pièce. A la fois un orchestre de 7 musiciens et une bande son font résonner le talent de Legrand. Car si dans cette version de Peau d'ane l'enchantement agit instantanément, la part prise par la musique et la qualité de ses arrangements y sont essentiels. 

Une réussite inattendue à voir jusqu'au 17 février 2019

Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
Peau d'ane au théâtre Marigny
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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 20:49

"Le Bon Dieu a appelé Saint-Pierre. Il lui a dit : Saint-Pierre, je m'ennuie. Convoquez moi Devos!"

François Morel introduit son nouveau spectacle, avec un sketch écris à la façon de Devos, drôle, poétique et absurde. Un premier hommage dans ce spectacle qui en est un tout entier à un artiste unique et immense.

François Morel, accompagné par Antoine Salher, l'incontournable compagnon musicien et complice dans le jeu, reprend plusieurs sketchs dont Lettre anonyme, Sens dessus dessous, Les choses qui disparaissent, Faites l'amour, pas la guerre, Mon chien c'est quelqu'un, Parler pour ne rien dire, Minorités agissantes, Les chansons que je ne chante pas, Le clou, Sens interdit, Je zappe.... et je hais les haies transformé en sorte d'hymne du spectacle. 

Si on retrouve les accents de Devos dans le sketch d'introduction, le seul qui n'est pas de lui, François Morel offre son interprétation propre, plus grimaçant qu'à l'habitude, plus clownesque, mais bien là avec ses intonations, sa gestuelle, sa poésie dans l'habillage et l’enchaînement des textes. Jamais le jeu de l'imitation n'apparaît. Raymond Devos marque uniquement sa présence par trois extraits d'une interview donnée à Jacques Chancel pour Radioscopie.

Sur scène, un piano à queue, un piano droit à l'occasion mécanique, une marionette, la musique d'Antoine Salher et le génie de François Morel qui sert avec émotion celui de Devos.

A voir jusqu'au 6 janvier au théâtre du Rond Point.

 

 

 

 

 

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 23:09

Camille donnait ce soir le premier de ses deux concerts qui clôturent la tournée Oui.

Rien qu'en voix et tambour, comme un retour aux sources. Sur scène,  Camille, un tambour, ou plutôt LE tambour de la tournée, et Clément Ducol, percussionniste et human beat box.

La mise en scène organique trouve en ce théâtre des Bouffes du Nord un écrin parfait.

Une version épurée qui l'est jusque dans sa durée (1h15). Les titres de l'album sont tous interprétés. Ils sont accompagnés par trois ou quatre anciens titres dont Ma douleur, Tout dit et une très belle reprise de Cara a la pared de Lhasa.

Ce concert que Camille qualifie de "petit spectacle" l'est peut-être par sa durée mais est grand par le talent déployé.

Dernier soir ce jeudi 20 décembre.

Lire l'article sur le concert à la Cigale du 8 juin 2017

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1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 20:43

Origines, la 44e création  de la troupe Alexis Gruss, célèbre 250 ans de cirque équestre, de Philip Astley, créateur de la discipline, jusqu'à nos jours.
Voltiges, acrobaties, équilibres, pièces comiques, ballets aériens, quadrille, jongleries, carrousel… en 29 scènes, convoquant de nombreuses disciplines, cette création réunit les chevaux de la cavalerie Alexis Gruss, 15 artistes, un orchestre de dix musiciens et une narratrice-chanteuse

Les chevaux sont magnifiques et tous les tableaux qui les mettent en scène avec leurs cavaliers captivent. Le tableau de la poste où 17 chevaux se rejoignent sur la piste, qui semble tout à coup bien petite, est particulièrement marquant. Les numéros au sol et sans chevaux sont moins impressionnants mais l'enthousiasme des artistes l'emporte. On remarque particulièrement la beauté des numéros du danseur de cordes Geoffrey Berhault et des voltigeurs Svetlana et Firmin Gruss. La famille, fils et petits-fils, Gruss fait le job sous le regard du patriarche Alexis, maître du dressage.
Seul bémol à cet enthousiasmant spectacle, la teinte "Disney" donnée aux interventions de la narratrice et chanteuse, trop présente, qui semble totalement incongrue et ringardise un peu ce spectacle de cirque à l'ancienne qui, lui, ne se démode pas.
 
Origines se joue au cirque Alexis Gruss (Paris 16e) jusqu'au 3 mars et se poursuivra en tournée dans les Zénith de France. 

Origines par le Cirque Alexis Gruss
Origines par le Cirque Alexis Gruss
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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 20:58

Christian Hecq et Valérie Lesort adaptent le roman de Jules Verne à la Comédie Française. Le génie de l'écrivain visionnaire, la fantaisie du comédien et la créativité de la plasticienne-marionnettiste se marient parfaitement.

Les décors et l'habillage sonore nous plongent immédiatement dans l'aventure du Nautilus et du capitaine Nemo. Les apparitions des créatures marines sur le fond noir de la scène sont tout à la fois hilarantes, poétiques et un peu effrayantes. Les idées décalées de l'adaptation et l'excellente interprétation des comédiens du Français, Christian Hecq en tête, achèvent de faire de ce spectacle un enchantement.

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8 novembre 2018 4 08 /11 /novembre /2018 16:49

Laurent Spielvogel reprend, au théâtre de l'Archipel, "Les Bijoux de famille", son spectacle créé en 2015.

Le comédien raconte son enfance et ses débuts d'apprenti comédien à travers les personnages, inconnus ou célèbres, qui ont jalonné sa vie : ses parents bien sûr, sa grand-mère, un rabbin, un prof de théâtre, une femme de ménage, une concierge, un petit ami volage, un vieux homo réglo,...

Laurent Spielvogel n'est jamais aussi bon que lorsqu'il joue les autres. A commencer par Marlène Dietrich en entrée de spectacle ou Barbara troublant de ressemblance mais aussi les inconnus comme ce vieux dragueur au phrasé particulier ou une attachée de presse féroce.

Ce récit drôle et touchant est mis en scène de façon simpliste, sans invention. Laurent Spielvogel qui joue tous les personnages, jusqu'à trois simultanément, n'en a que plus de mérite.

A voir le 10 novembre, les 5, 6, 7 et 8 décembre.

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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 21:17
photo_misery_sancrierart

Paul, écrivain célèbre, se réveille dans un lit la jambe cassée et l'épaule démise. Anny lui apprend qu'il a eu un accident de voiture et qu'elle l'a recueillie en attendant que la tempête cesse.

Le roman de Stephen King, déjà adapté au cinéma par Rob Reiner, est ici proposé dans une version théâtrale traduite par Viktor Lazzlo.

Ce huis clos offre à Francis Lombrail et Myriam Boyer un bel affrontement. Ils sont tous deux parfaits même si c'est Myriam Boyer qui attire toute notre attention. Leur duo fonctionne parfaitement peut-être même un peu trop bien. Car l'angoisse ne s'installe jamais vraiment. Paul ne semble pas réellement terrifié par Anny qui dans la très belle interprétation de Myriam Boyer déploie trop d'humanité pour effrayer vraiment. Mais, cela semble être un parti pris, assumé par la traduction qui laisse place à l'humour et par  la mise en scène qui a choisi un décor ouvert, grande fenêtre, mur du fond en plexiglass, ne créant pas de sensation d'enfermement. 

A voir au théâtre Hébertot du mardi au samedi à 21h et en matinée le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h.

 

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17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 17:35

 

Berry_Darmon_Desagnat_sanscrierart

Les trois théâtres associés présentaient ce lundi les pièces programmées pour cette nouvelle saison. Un mélange de créations d'auteurs contemporains et de classiques donnant une légère impression d'éclectisme bien que la programmation, accès de façon évidente sur le grand public , mise beaucoup sur les têtes d'affiche.

 

Plusieurs comédiens, metteurs en scène et auteurs avaient fait le déplacement pour présenter leur pièce.

 

C'est Isabelle Le Nouvel et Jean-Louis Benoit qui ont ouvert cette soirée en présentant la pièce Skorpios qu'ils ont respectivement écrite et mise en scène. La rencontre de Churchill et de Garbo sur le yacht de Onassis y est contée à travers des échanges totalement inventés par l'auteur. La rencontre d'un vieil homme enfantin et d'une étoile inaccessible. Si on ne peut présager de la qualité du texte, on ne peut douter de celle de l'interprétation : Niels Arestrup et Ludmila Mikael sont sur la scène des Bouffes parisiens dès cette semaine.

 

Gérard Darmon, Pascale Louange, Vincent Desagnat ont fait part de leur enthousiasme de jouer L'ordre des choses, une création de Marc Fayet mise en scène par Richard Berry. Bernard 60 ans voit débarquer, entre lui et sa jeune épouse, Thomas qui assure preuve à l'appui, être le fils de Bernard qui se croyait pourtant stérile. Une comédie qu'on espère être aussi drôle que la prestation de Darmon ce soir. A la Michodière à partir du 25 septembre.

 

Patrick Chesnais était lui aussi en pleine forme. Venu avec ses camarades de jeu, Nathalie Roussel, Fanny Valette et Emilie Chesnais, il a présenté son nouveau personnage d'Edouard, un professeur d'histoire qui perd peu à peu la mémoire. Tu te souviendras de moi est une pièce de François Archambault, un auteur québécois dont les comédiens ont vanté l'humour et la qualité d'écriture (adaptée tout de même par Philippe Caroit). Au théâtre de Paris depuis le 5 septembre.

 

Michel Fau, l'amoureux des gueules, des personnages fantasques et de la Langue, met en scène et interprète Fric Frac la pièce d'Edouard Bourdet adaptée au cinéma avec Michel Simon, Arletty et Fernandel. L'histoire de Loulou qui cherche par tous les moyens de l'argent pour son homme. Coup de chance, Marcel employé dans une bijouterie est fou amoureux d'elle. Régis Laspalès et Emiline Bayart accompagnaient leur metteur en scène qui a voulu que sa scénographie soit aussi colorée et barrée que la gouaille de ses personnages et le cubisme de l'époque. Dans le rôle de Loulou, Julie Depardieu est sur la scène du théâtre de Paris depuis le 11 septembre.

 

Daniel Auteuil, excusé pour cause de tournage, n'a pas pu présenter Le Malade imaginaire qu'il va interpréter et mettre en scène en janvier au théâtre de Paris.

 

Nicolas Briançon, comédien et metteur en scène, reprend Le Canard à L'orange comédie de William Douglas Home, déjà adaptée par Jean Poiret. Pour jouer son épouse il a choisi Anne Charrier et François Vincentelli dans le rôle de l'amant piégé. La pièce ayant déjà fait ses preuves quant à son potentiel comique et Briançon n'étant pas le plus mauvais des metteurs en scène, il ne manque plus qu'une interprétation de qualité pour faire de cette proposition une réussite. Au théâtre de la Michodière à partir de janvier 2019.

 

Claudia Stavisky, directrice du théâtre des Célestins de Lyon, est venue seule présenter Rabbit Hole qui se joue actuellement dans son théâtre et qui sera reprise aux Bouffes Parisiens en janvier 2019. Interprétée par Julie Gayet, Patrick Catalifo et Lolita Chammah, entre autres, la pièce raconte la vie de Becky qui a perdu dans un accident de la circulation son fils huit mois plus tôt. Cette pièce de David Lindsay-Abaire a reçu le Prix Pulitzer en 2007 et a été adaptée au cinéma en 2010. 

 

A la surprise générale..., Fabrice Lucchini et Al Paccino n'avaient pas fait le déplacement. Sans regret car les deux spectacles sont déjà complets, l'un aux Bouffes Parisiens, l'autre au Théâtre de Paris.

Bon spectacle à tous !

La saison 2017/2018 aux théâtres de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens
La saison 2017/2018 aux théâtres de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens
La saison 2017/2018 aux théâtres de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens
La saison 2017/2018 aux théâtres de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens
La saison 2017/2018 aux théâtres de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens
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15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 15:37
le_cv_de_dieu_sanscrierart

Dieu a achevé ses grands travaux : ciel, terre, animaux et hommes. Il s'ennuie depuis des lustres, déprime et décide de descendre sur terre pour postuler à un nouveau poste.

En 1995,  Jean-Paul Fournier, dans son roman éponyme, place Dieu dans la posture du candidat ayant à commenter son CV face à un directeur des ressources humaines. La situation est propice aux calembours, aux mises en abîmes et à l'absurde sans toutefois proposer un vrai lynchage de l'Etre suprême. C'est, malgré quelques facilités, souvent drôle.

Didier Bénureau, excellent, interprète le DRH, qui oscille entre admiration pour la beauté du travail effectué et hargne quant aux conséquences qui en découlent.

Jean-François Balmer campe Dieu. Etait-ce un mauvais soir ? Ce vendredi, il semblait bien hésitant dans son rôle et, de plus, peu caler avec son partenaire. 

Était-ce dû à la toute nouvelle reprise de la pièce (le 2e soir à la Pépinière mais déjà jouée à Avignon cet été) ? A une mise en scène peu inventive ? A un costume encombrant ?

Bref, comme le talent de comédien de Balmer ne peut raisonnablement pas être mis en doute, on jugera que ce soir n'était pas le meilleur. 

Et, donc, que lorsque les deux comédiens sont au diapason, ce CV de Dieu offre sans doute un très bon moment de pur divertissement.

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8 juin 2018 5 08 /06 /juin /2018 22:57
affiche adieu monsieur haffmann sanscrierart

En 1942, alors que le port de l'étoile vient d'être décrété, Joseph Haffmann propose à Pierre Vigneau, son employé, de lui confier sa bijouterie tandis que lui restera caché dans la cave. Pierre pose une condition.

 

La condition en question, bien que saugrenue, n'est pas nouvelle. Ce genre d'arrangement a déjà été posé dans d'autres fictions.

 

On peut même penser que la pièce aurait gagné en profondeur si l'auteur n'avait pas choisi ce stratagème pour déstabiliser son personnage de Pierre. Le dilemme eut été plus intéressant et universel s'il avait été posé sans cette contrainte.

 

La pièce n'en est pour autant pas désagréable. Elle est servie par une écriture précise des dialogues, de très bons comédiens et une mise en scène remarquable de sobriété.

 

C'est en découvrant la dernière partie, très réussie, de la pièce qu'on comprend que la première partie n'est là que pour la servir. Cette scène finale de dîner est particulièrement glaçante, entre rire et effroi. Charlotte Matzneff y est, à la fois, irrésistible de drôlerie et terrifiante.

 

La pièce a été récompensée par quatre Molières : pièce du théâtre public, révélation féminine, comédien dans un second rôle et auteur francophone vivant.

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4 mai 2018 5 04 /05 /mai /2018 21:09

Aux Etats-Unis, Mark, Chéryl, sa femme et Nadine, sa maîtresse, racontent l'impact que la guerre en Afghanistan a eu sur leur vie.

Les personnages s'expriment en trois monologues simultanés, s'interpellant rarement, chacun racontant sa version de l'histoire.

Mark pleure son dégoût d'avoir tué et plus encore d'avoir aimé ça, sa honte d'être devenu un alcoolique violent et l’ambiguïté d'être considéré comme un héros parce qu'il s'est comporté comme un salaud.

Chéryl, enceinte, mère d'un petit garçon, issue d'une certaine bourgeoisie coincée, battue par son mari, crie son désespoir et son dégoût d'avoir gâché sa vie en épousant cet homme violent, machiste et fier de sa guerre.

Nadine, femme affranchie, mal mariée, qui a un certain goût pour la violence clame son amour pour cet homme, sa compréhension pour ce qu'il a vécu et l'engagement qu'il y a mis et sa propre détresse face à la brutalité du monde.

Emily Mann, auteur de la pièce, dresse à travers ces trois personnages, un portrait désenchanté d'une génération américaine. Ecrite en 1981, la pièce parlait du Vietnam. En l'adaptant de nos jours, elle souligne qu'avec l'Afghanistan l'Histoire ne fait que se répéter. Les trois interprètes, Antoine Courtray, Manon Clavel et Ambre Piétri sont excellents avec une mention spéciale pour les filles, 

 

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2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 22:30

Alors que les Twin Towers viennent de tomber, un jeune homme marié a échappé à la mort car il a préféré retrouver sa maîtresse plutôt que d'aller travailler. Ce coup du destin, entrouvre pour le couple la possibilité de jouer les disparus et de fuir vivre une nouvelle vie.

La pièce installe dès le départ des rapports conflictuels et violents entre le couple. Elle, plus âgée, instaure une domination professionnelle, morale et intellectuelle et lui une domination physique. A aucun moment, on imagine que ce couple pourrait tout plaquer pour vivre ensemble. Le niveau de tension reste peu ou prou toujours le même niveau ne créant aucune surprise. Et il n'est jamais vraiment question du contexte politique et apocalyptique. L'intérêt pour le propos s'étiole rapidement.

Reste la performance des deux comédiens Marie-Christine Letort et Xavier Galais particulièrement impressionnant.

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