SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 11:01

Hortense, fille de comte de province, voit arriver sur ses terres Rosimond, fils de marquis parisien, qu'elle doit épouser. Les manières prétentieuses et ridicules de son promis lui déplaisent au plus haut point.

Cette pièce de Marivaux créée en 1734 n'a été interprétée qu'à deux reprises avant d'être retirée de l'affiche pour cause de scandale. C'est donc à une renaissance que nous convie la  Comédie Française. Dès les premiers instants on est saisie par la fantaisie qui habite cette pièce drôle et alerte, où la province se moque de la suffisance parisienne, où les jeunes filles ont plus d'esprit que les marquis et où comme souvent les domestiques mènent le jeu. La scénographie séduit dès l'entrée dans la salle Richelieu affichant un décor de dunes aux hautes herbes, un ciel changeant, et une vue sur les machines du théâtre. La mise en scène où le mouvement domine est vive, comme l'esprit qui parcourt les échanges entre les protagonistes interprétés par des comédiens tous excellents, avec cette particularité qu'offre la CF de demander à des acteurs monstres (Dominique Blanc, Didier Sandre) de porter de "petits" rôles et de servir les jeunes comédiens (Adeline d'Hermy, Pierre Hancisse, Claire de la Rue du Can, Christophe Montenez) interprétant les personnages principaux (accompagnés de Florence Viala et Loïc Corbery) Malgré un troisième acte de trop, mais c'est à Marivaux qu'il faut s'en plaindre, on prend beaucoup de plaisir durant ces deux heures d'enthousiasmant théâtre.

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 20:30

 

Le terrorisme est le sujet principal de ce nouveau spectacle. Un sujet en or car l'extrême flirte avec la folie, la folie avec le ridicule, le ridicule avec le pathétique et le pathétique bien assaisonné peut s’avérer très drôle. 

Jérémy Ferrari trouve souvent le bon angle pour se moquer des victimes, des forces de l'ordre et des terroristes, mettant ces trois acteurs au même niveau face à la moquerie.

Globalement ça fonctionne bien que parfois un peu facile. On tombe dans de grands moments de solitude, de n'importe quoi, où l'artiste semble partir en totale roue libre. Présentant ainsi des variations abyssales dans la qualité des séquences.

Mais, le vrai point faible du spectacle, ce qui dérange vraiment du début à la fin, ce sont les piètres qualités d'interprétation de Jérémy Ferrari qui n'est décidément pas un bon comédien. 

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 22:50

Thomas Quillardet adapte, avec ses comédiens, les scénarios de deux films d'Eric Rohmer. Dans un décor épuré et une mise en scène inventive et facétieuse qui se nourrit d'une immense feuille de papier blanc, les comédiens rejouent Les nuits de la pleine lune puis Le rayon vert. Les scènes des films se succèdent avec une rapidité parfois un peu abrupte (surtout sur Les nuits) mais de façon agréable. Le jeu des comédiens (tous très bien) met particulièrement en avant la drôlerie des situations et des personnages. La structure différente des deux récits, Les nuits présentant des scènes intimes en intérieur tandis que Le rayon vert multiplie les scènes de groupes en exterieur, les différences de personnalités des deux héroïnes, l'une exubérante fuyant l'enfermement du couple, l'autre effacée rêvant d'un amour absolu, permettent de maintenir l'intérêt du spectateur à l'entrée du second récit. Pendant près de 2 heures, on se laisse ainsi prendre à cet exercice étrange qui, bien que reprenant les mots de Rohmer, s'éloigne sensiblement de l'ambiance des films. Ce n'est pas plus mal ainsi les comédiens peuvent s'approprier leurs rôles loin de leurs marquants prédécesseurs ( Pascale Ogier, Fabrice Lucchini ou Marie Rivière) et les spectateurs avoir presque l'impression de découvrir ces deux histoires. À voir avec plaisir jusqu'au 19 janvier 2017.

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22 décembre 2016 4 22 /12 /décembre /2016 12:29

Le théâtre du Rond Point accueille le nouveau spectacle de James Thiérrée. La grenouille avait raison diffère des oeuvres de référence de Thiérée (la Veillée des abysses ou Au revoir parapluie). Bien sûr, le décor est, cette fois encore, majestueux, les lumières extrêmement soignées, l'accompagnement musical très prenant et particulièrement bien servi par la voix enchanteresse de Mariama. Valérie Doucet est une acrobate au corps élastique sans limite et le charisme de James Thiérrée agit toujours. Pourtant, la magie opère moins que d'habitude. L'effet hypnotique ne prend pas. Cela est sans doute dû à la facture du spectacle sensiblement différente de d'"habitude". Ici les comédiens interagissent assez peu avec le décor et les éléments qui le composent. Lorsque cela arrive (particulièrement en introduction et en fin de spectacle) le charme agit immédiatement. Mais, pour  la grande majorité du spectacle, les comédiens jouent seuls au sol entre eux. Et là aussi on ne retrouve pas ce qui faisait un des attraits des créations de Thiérrée. Ici les personnages ne semblent pas s'associer contre les éléments. Ils se chamaillent, s'affrontent. On trouve également une thématique redondante à travers les corps entravés, mutilés, mêlès, où la danse, les contorsions et le mime dominent plaçant le spectacle à un niveau plus convenu alors que Thiérée nous avait habitué à de l'exceptionnel. On y voit moins de créativité, moins d'idées surprenantes.

Malgré toutes ces réserves, il faut garder en tête que tout spectacle de James Thiérrée, même moins enivrant que ses précédents, demeure un spectacle de qualité largement supérieur à ce qui nous est donné de voir par ailleurs.

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15 décembre 2016 4 15 /12 /décembre /2016 00:06

Mado rencontre par hasard Alexandre. Le coup de foudre est immédiat. Mais tout se complique lorsque Mado découvre qu'Alexandre est un activiste du Front.

Le sujet est hyper casse gueule et Salomé Lelouch, auteur et metteuse en scène, n'évite pas la chute malgré quelques bonnes choses. Pour la partie positive, on note la qualité des seconds rôles tant dans le dessin des personnages que dans l'interprétation. Ces seconds rôles bénéficient de textes courts, percutants, proche de la formule souvent efficaces. Ludivine de Chastenet, dans le rôle de la meilleure copine marxiste, est la vraie réjouissance de la piéce. À contrario, les deux héros de l'histoire s'avèrent terriblement fades. Les comédiens (pourquoi avoir choisi un comédien de 50 ans pour ce role ?) ne sont pas aidés par des dialogues plats et sans aucune saveur. L'amour rend sans doute niais mais vu la situation on pouvait les espérer plus vifs. Le pire se dessine lors de leurs monologues humanisto-politiques au contenu bien trop faiblard. Il était sans doute un peu présomptueux de se lancer sur un tel sujet avec si peu d'expérience. Il aurait mieux fallu laisser l'écriture à plus aguerri.    

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 19:04

Une association d'amateurs de roman noir nous présente leur mise en scène d'une pièce policière inédite du célèbre Conan Doyle. Mais ne s'improvise pas comédien qui veut.

Toute la pièce (une création anglaise) repose sur l'incapacité de ces acteurs d'operette à jouer la comédie.Texte, décor, mise en scène, tout leur échappe. Le rythme est endiablé et les catastrophes s'enchaînent à toute vitesse. Les sept comédiens (Miren Pradier, Yann de Monterno, Dominique Bastien, Lula Hugo, Michel Cremades, Michel Scotto di Carlo et Christophe de Mareuil), tous excellents, impressionnent par l'énergie qu'ils déploient, d'autant plus impressionnante qu'on imagine facilement l'extrême précision de jeu que demande l'exercice. Il est difficile de résister à cette comédie burlesque qui frôle le n'importe quoi sans jamais vraiment y tomber (à part dans les 10 dernières minutes peut-être).1h30 de franche rigolade bon enfant.

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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 21:02

François  Berleand attend avec impatience un taxi qui ne vient pas. Il se retrouve soudainement enfermé  dans une agence de voyage sans porte ni fenêtre avec un inconnu au comportement inquiétant.

Tout est étrange dans  cette pièce où les mises en abîme rythment le récit. Les comédiens sont au mieux de leur forme : François berléand, parfaitement cabot et ahuri, Sébastien Castro encore plus inquiètant que d'habitude et Constance Dollé, jonglant avec les registres. La mise en scène de Stéphane Hillel accentue parfaitement le parti pris surréaliste de l'histoire. Les interventions acrobatiques d'Inès Valarcher en cela sont particulièrement efficaces.

Pour sa première pièce Clément Gayet nous propose un théâtre de distraction, dans la veine d'un Sébastien Thiéry, qui nous change du vite fait-bien bâclé trop souvent proposé.

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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 21:21

A Berlin, en 1946, le grand chef d'orchestre Wilhelm Furtwangler est interrogé par le commandant américain Steve Arnold dans le cadre d'une commission de dénazification.

Cette pièce, au sujet historique puissant ne passionne pas. Le récit manque de finesse, le texte (traduit de l'anglais) de virtuosité et la mise en scène de créativité. La dramaturgie repose moins sur le chef d'orchestre que sur le commandant américain, personnage rustre et acharné, qui est ici incarné sans subtilité par Francis Lombrail. Son interprétation dessine à gros traits un militaire enragé ne laissant aucune place à l'émotion portée par l'objet de sa motivation (son traumatisme causé par ce qu'il a vu à la libération des camps de concentration). 

La grâce n'entre en scène qu'aux apparitions, trop courtes, de Michel Bouquet qui campe un Wilhelm Furtwangler tout en nuances à la ligne de défense à la fois admirable et discutable. La précision et l'élégance de son interprétation parvient presque à nous faire oublier les faiblesses de la pièce. 

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 19:03

Autant le dire tout de suite : l’argument de l'asssociation du cirque et du théâtre ne tient pas. Tout simplement parce que l’histoire a si peu de consistance qu’elle en est incompréhensible. Les numéros de cirque ne s’y coulent pas naturellement mais y arrivent comme un cheveu dans la soupe, les artistes-acrobates ne sont pas très bons comédiens et le récit n’a aucune tenue. Seuls arguments en faveur du théâtre, l’élégance du décor et des lumières.

En revanche, pour ce qui est du cirque, le contrat est rempli. Les artistes sont impressionnants dans des acrobaties qui coupent le souffle. Les amoureux du cirque acrobatique seront comblés.

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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 00:07

L'émission de radio Épigraphe se joue pour la dernière fois. Face à cet évènement la cohésion du groupe que forment les cinq animateurs - créateurs se délite. Une fable envoyée par Benoite Grioult, une auditrice, va exacerber les désaccords et révéler les personnalités. 

Raoul Collectif joue à fond la carte du burlesque. Ces cinq personnages autosatisfaits et autocentrés intellectualisant et politisant tout jusqu'à l'asburde sont hilarants. Ce groupe d'intellectuels caricaturaux qui se disloque face à l'adversité offre une réflexion sur le tout libéral, le courage intellectuel et l'intérêt individuel face à celui du groupe. Quand TINA (There Is No Alternative), symbole du capitalisme tout puissant, s'impose la seule issue semble la fuite dans le désert là où Tina n'a pas encore marqué son empreinte. Les cinq comédiens sont excellents. La mise en scène d'un premier abord minimaliste se révèle au fur et à mesure de la pièce efficace et au final impressionnante. Un spectacle un peu alambiqué sur le fond mais extrêmement réjouissant.

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 15:07

Tout est écrit dans Le Grand Livre du Spectacle clame François Morel ! Les déplacements du chanteur, ses humeurs, celles des musiciens et les vivas du public évidemment conquis. François Morel, entre chaque chanson, consulte Le Grand Livre, lance des défis à ces musiciens, tente des imitations... Car un concert de François Morel n’est jamais tout à fait un concert, ni tout à fait un spectacle comique. Cette fois-ci, il prend l’allure et les lumières d’un tour de chant comme à l’époque où les chanteurs prenaient toute la lumière laissant leurs musiciens dans l'ombre. Bien sûr avec François Morel tout ça « c’est pour de faux », mais ne vous y trompez pas, l’artiste fait vraiment et très bien le chanteur, les chansons sont bien écrites, les mélodies d'Antoine Sahler sont agréables, ses arrangements soignés et les musiciens épatants. Alors entre les « sketchs » en interludes et les chansons sympas, La Vie (titre provisoire) offre 1h30 bien agréable tout comme l’était déjà « Ce soir des lions ». Seul bémol cette fois-ci : la dimension de la scène de la salle Renaud-Barrault, sur laquelle l’artiste et ses quatre musiciens semblent bien loin les uns des autres. Mais c'est un détail.

A voir jusqu'au 6 novembre.

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 21:13

Irène trompe Fritz son mari qui la néglige. Quand une jeune femme menace de tout révéler, Irène perd pieds. 

A la fin de la pièce le public est ravi, les applaudissements sont nourris et des bravos fusent. Pourtant, cette adaptation pourra en frustrer plus d'un. La metteuse en scène, Élodie Menant, monte la pièce  comme une bluette. On est donc loin de "La Peur" que souligne le titre. Sa mise en scène ne communique pas la montée d'angoisse, l'étau qui se ressert sur l'héroïne qui doit expier sa faute. Les comédiens (Hélène Degy, Aliocha Itovich et Ophélie Marsaud) se retrouvent seuls pour rendre à la nouvelle de Zweigh toute sa dramaturgie. Ils se dépensent sans compter et se jettent à corps perdus dans cette histoire. C'est sans doute beaucoup grâce à l'énergie qu'ils y mettent, qu'aux saluts, le public est ravi, les applaudissements sont nourris et des bravos fusent.

 

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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 15:19

Le capitaine et son épouse Laura s'opposent sur l'avenir de leur fille. Ce conflit les précipite dans la folie. 

On se demande pourquoi Arnaud Desplechin à fait le choix de cette pièce pour sa première mise en scène de théâtre. Cette histoire de couple qui se déchire jusqu'à la folie est tissée grossièrement et on peine à comprendre ce qui mène l'ensemble des personnages à réagir de façons aussi excessives. Sur la forme le cinéaste présente de beaux décors, une belle mise en lumière mais nous impose un accompagnement sonore constant plus gênant qu'autre chose. Sa direction d'acteurs donne l'impression étrange que les comédiens jouent faux. Le jeu trop larmoyant, voire hystérique, des comédiennes est agaçant et les comédiens sont à l'inverse extrêmement distants. Seul Michel Vuillermoz impressionne en donnant vie au capitaine et à sa descente dans la folie.

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9 octobre 2016 7 09 /10 /octobre /2016 10:17

Le spectacle débute rideau fermé, salle dans le noir. En voix off, semblant s'adresser dans les coulisses au régisseur, Gaspard Proust dézingue à tout va. Le propos est sarcastique, amusant, le format pas très original et un peu long. Au bout de 10 minutes, le comédien apparaît sur scène et donne au public les instructions à suivre en cas d'invasion de la salle par des djiadistes armés. C'est intelligemment écrit, osé et très drôle. Ce sera le meilleur passage avec la lettre "Guy Moquet 2016" du rappel. Entre ces deux moments, Gaspard Proust fait ce qu'on attend de lui : dire des "horreurs" sur un ton morne. C'est bien écrit, amusant, parfois un peu facile. Si le sourire ne nous quitte jamais, le rire n'est curieusement pas si présent. La faute à un texte trop riche ? A un rythme trop linéaire ? Au personnage glaçant qu'interprète Proust ? Dans le même esprit, Patrick Timsit a un potentiel comique bien plus puissant qui au final confère à ses propos plus d'impact. Aussi, si Proust a un talent indéniable, la question de son statut de "comique" nous interroge encore.

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 09:21
Vania (d'après Oncle Vania) à la Comédie Française

C'est un Oncle Vania quelque peu réécrit que propose l'excellente troupe de la Comédie Française. Julie Deliquet, metteuse en scène, a choisi d'effacer toutes indications faisant référence à l'époque (fin 19e) et à la culture (Russe) des personnages de Tchekhov. Cela ne nuit en rien à l'esprit de la pièce. Sur la scène centrale du théâtre du Vieux Colombier, dans la salle à manger de la maison familiale, on retrouve l'ennui, le désespoir, l'amour déçu, l'humour, l'ironie de Vania, Sonia et Astrov, les faiblesses d'Elèna et dans une autre mesure de Ilia, l'admiration sans limite de Maria et la suffisance de Sérébriakov. Dans une mise en scène alerte qui sait laisser parler les silences et la souffrance qui perce dans les échanges caustiques et les rires, les comédiens sont époustouflants. Florence Viala est, une fois de plus parfaite, tout comme Laurent Stocker, Hervé Pierre et Dominique Blanc, la nouvelle venue, méconnaissable sous de grosses lunettes. Noam Morgensztern et Stéphane Varupenne impressionnent eux aussi, tandis qu'il nous semble découvrir la puissance d'incarnation d'Anna Cervinka dans le rôle de Sonia.

Cet Oncle Vania, au plus haut point réjouissant, fait partie de ce Théâtre qui donne envie de retourner très très vite au théâtre.

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 22:05

La Comédie Française et le metteur en scène Ivan Von Hove adaptent le scénario de Visconti. Les Von Essenbeck, riches industriels allemands, se lient aux nazis pour faire fructifier l'entreprise familiale et s’entretuent dans leur soif de pouvoir.

 

Ivo Van Hove mêle théâtre et vidéo - en direct ou pré-enregistrée. Il scinde l'espace de jeu en trois parties : à gauche les loges où les comédiens se maquillent et se préparent (la naissance), au centre la scène et l'écran où les évènements se jouent (la vie) et à droite, les cercueils où les victimes de la famille et du nazisme viennent s'allonger (la mort). Chaque personnage suivra ce parcours. La vidéo souligne ce qu'il faut voir, zoom sur ce qui est suggéré, multiplie le nombre de personnages en scène, rappel les faits historiques au cas où ce qui se joue devant nous ne serait pas assez clair.

 

Von Hove propose une mise en scène qui surjoue la violence déjà portée par l'histoire. Cette violence sur la violence au lieu de porter le propos l'amoindrit en le caricaturant, au bord du grotesque et de l'indécence. Le tout trouvant son apothéose dans la scène finale qui semble condamner le public spectateur n'intervenant pas pour stopper le mal absolu.

Est-ce ces excès qui soulignent la faiblesse des dialogues de Visconti et l'incongruité de faire de Martin, en plus du reste, un pédophile ?

 

Dans ce déversement d'hystérie, Elsa Lepoivre, impressionnante toujours, Denis Podalydés, Guillaume Gallienne, Eric Genovese, Christophe Montenez, parfaitement effrayant et Eric Genovese demeurent remarquables.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 21:26
Le Monde d'Hier au théâtre des Mathurins

Laurent Seksik, Patrick Pineau et Jérôme Kircher adaptent, pour la première fois au théâtre, Le Monde d'Hier, souvenir d'un européen, le livre autobiographique que Stéphan Zweig écrivit peu de temps avant son suicide. L'auteur y conte les années de bonheur dans la très culturelle et européenne Vienne, la première guerre mondiale, les années de crise, l'arrivée du nazisme au pouvoir, la folie meurtrière....

Sur une scène habillée d'un simple rideau et d'une chaise, Jérôme Kircher, impressionnant, donne vie à Zweig et aux années dorées de la capitale autrichienne, à ses artistes, musiciens et auteurs, à la beauté de l'Europe puis à la puissance du populisme, à la montée et à la banalisation du nazisme, au musellement de la culture, à l'incompréhension des opprimés, à l'indifférence... La qualité de l'interprétation et la beauté du texte nous emportent d'emblée. La mise en scène minimaliste mais précise participe à la qualité de l'écoute. Le petit accent autrichien qu'adopte Kircher sur les premières phrases, les discrètes notes de musique qui se font entendre avec parcimonie, la lumière légère nous plongent instantanément dans un passé qui résonne étrangement dans notre présent aux relents nauséabonds.

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28 mai 2016 6 28 /05 /mai /2016 18:01
Le Portrait de Dorian Gray à la Comédie des Champs Elysées

Après avoir triomphé dans la petite salle du Lucernaire, la pièce mise en scène par Thomas Le Douarec investit la Comédie des Champs Elysées. Il n'est jamais aisé d'adapter un roman au théâtre, surtout lorsqu'il s'agit du fantastique (dans tous les sens du terme) roman d'Oscar Wilde. Thomas le Douarec relève le défi avec panache. La mise en scène, ingénieuse et séduisante, recrée avec peu l'ambiance de l'époque et le climat étrange du roman. Les comédiens sont excellents, à commencer par le metteur en scène lui même et Arnaud Denis en Dorian Gray rongé par son pacte faustien. On se laisse emporter par cette proposition aussi osée qu'efficace.

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 13:42
Maris et Femmes au théâtre de Paris

Cette version théâtrale du film de Woody Allen est horripilante. Son décor particulièrement moche nous inquiète dès l'entrée dans la salle. Il n'annonce rien de bon pour qui espère retrouver un peu de la profondeur du cinéaste. Et effectivement, dès la première scène le jeu de certains comédiens nous indique que la pièce penchera vers le théâtre de boulevard. Mais l'espoir demeure encore un peu. La mise en scène s'annonce alerte et astucieuse et elle le sera effectivement jusqu'au bout. L'adaptation, tant dans le découpage de l’histoire que dans la réécriture des dialogues, sera honorable. En revanche, les comédiens semblent ne pas jouer la même partition. Marc Fayet (dont le jeu me désole définitivement) et Astrid Roos font dans le boulevard bien lourd. Florence Pernel (qui est pourtant plutôt pas mal d'habitude), Hélène Médigue et Alka Balbir naviguent dans un entre deux et ne sont jamais vraiment en place. Seuls José Paul (tout en nuances) et Emmanuel Patron restent sobres et redonnent à cette pièce un peu d'élégance.

Au final, il n'est même pas sûr que les amoureux du théâtre de boulevard y trouvent leur compte et l'intérêt de cette adaptation nous échappe totalement.

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16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 11:13
La Ménagerie de Verre au théâtre de La Colline

Tom et Laura, tout deux jeunes adultes, vivent avec leur mère Amanda. Abandonnée par son mari il y a de nombreuses années, Amanda a élevé seule ses enfants. Elle vit dans le regret de la jeunesse qu'elle n'a pas eu, et à laquelle elle ne veut pas renoncer, et dans le soucis obsessionnel que Laura se trouve un mari à défaut d'un travail.

Prologue. Seul à l'avant-scène, Tom, le conteur de cette étrange histoire, nous explique qu'il n'invente rien mais que sa mémoire peut donner à ses souvenirs la couleur des songes. Il traverse alors le rideau de voile qui sépare le public de l'appartement où tout va se jouer.

Ce rideau de voile que le metteur en scène Daniel Jeanneteau a installé est le seul élément sur lequel on reste dubitatif. Bien sûr, il permet de donner à toutes ces scènes l'étrange couleur des rêves, de positionner les spectateurs en épieurs, d'évoquer l'écran de cinéma si cher à Tom (et à Tennesse Williams), d'accentuer l'impression d'emprisonnement ressenti par les deux enfants. Mais, il a aussi le défaut de masquer un peu trop les visages et expressions des comédiens. Du coup, on oscille sans cesse entre l'envie que ce rideau se lève et le plaisir de la beauté des plans qu'il procure. L'appartement, pièce unique entourée de lourds rideaux semble une boite. Peu ou pas de meubles (une chaise le temps d'une scène, un miroir et une lampe suspendue), au sol une moquette épaisse blanche comme du coton sur laquelle les comédiens jouent pieds nus. Des comédiens qui nous offrent des interprétations d'une rare qualité. Olivier Werner est parfait dans le rôle du conteur-protagoniste qui oscille entre détachement et émotion. Pierric Platier est le galant tout en finesse sur lequel tout les espoirs se portent. Solène Arbel, d'une discrète efficacité, campe avec beaucoup de grâce, le rôle délicat de la jeune fille tétanisée par ses complexes et la tyrannie d'une mère qu'interprète la géniale Dominique Reymond. Tout simplement magistrale, elle semble danser, virevolter sur ce tapis cotonneux, jouant cette mère délirante, qui à la moindre occasion redevient une jeune fille en fleurs gaie et séductrice, qui appelle sa fille "petite soeur". Passant du ton doucereux et chantant à celui cassant de la mère sans cesse déçue par sa fille mal dégourdie et son fils égoïste, la comédienne nous saisis sans cesse par sa virtuosité. Du très grand art.

La Ménagerie de Verre au théâtre de La Colline
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