SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

4 juillet 2023 2 04 /07 /juillet /2023 22:19

Le merveilleux théâtre de l'Oeuvre accueille une pièce qui enchante formellement et, il faut bien l'avouer, déçoit sur le fond.

Dans un bar de Londres, Chaplin a donné rendez-vous à Hetty Kelly, qui se produit elle aussi dans le cabaret de Fred Karno. Chaplin est amoureux de la jeune femme et avec l'aide du barman espère la conquérir.

Sur scène, un décor de café en noir et blanc et trois comédiens eux aussi... en noir et blanc. Cette scénographie particulièrement ingénieuse séduit d'emblée et s'avérera être l'atout majeur de la pièce. Car la faiblesse de l'écriture aux répliques manquant d'esprit ou de panache apparaît rapidement. De plus, l'histoire contée est extrêmement ténue et l'astuce utilisée pour la déployer d'autant plus poussive que l'écriture est pauvre. Quant au récit annoncé comme "inspiré d'une histoire vraie", les puristes de la véracité trouveront que cela est particulièrement tiré par les couettes (autobiographie de Chaplin à l'appui).

 Heureusement, les comédiens, Grant Lawrens (Chaplin), Ophélie Lehmann (Hetty Kelly) et Tristan Robin (le barman) sont très bons. On retiendra de cette représentation leur charme et l'ingénieux noir et blanc de la mise en scène (récompensée par un Molière de la meilleure création visuelle).

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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 11:22

La troupe des danseurs musiciens de Stomp se produit à Bobino jusqu'au 16 juillet.

Ce spectacle qui bouscule les salles de spectacle depuis plus de 30 ans est à voir absolument.

En 2006, Sanscrierart s’enthousiasmait déjà pour ce concept génial :

"8 comédiens - musiciens - acrobates dansent et jouent de la musique avec des ustensiles du quotidien : balais, bassines, briquets, éviers, ventouses pour déboucher ce que vous voulez... Les saynètes s’enchaînent, drôles, poétiques, physiquement spectaculaires.
Sur scène, pas un mot, tout passe par le rythme, le geste et les expressions des visages. Une partition précise à tous les niveaux. Ainsi, il ne s'agit pas uniquement de taper sur des grosses caisses, les murmures et frôlements sont tout aussi importants.
A priori ça fait peur 1h30 de ce genre de choses et pourtant cela file comme un éclair et lorsque la fin arrive on en redemande encore !"

A voir à Bobino jusqu'au 16 juillet.

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16 juin 2023 5 16 /06 /juin /2023 17:21

Sur scène deux couples James et Stella, Bill et Harry. James débarque chez les seconds pour se confronter à Bill, persuadé que celui-ci a une relation avec Stella.
Ludovic Lagarde propose une mise en scène précise et d'une grande richesse. La scénographie partage la scène en deux espaces, l´appartement de Stella et James et la maison de Bill et Harry avec son escalier qui semble mener vers une  soumission consentie. La musique (entre jazz et Boulez) qui souligne sans excès le moment, les costumes et les perruques qui éclairent la psyché des personnages, les masques mystérieux et inquiétants... chaque élément accompagne parfaitement la part étrange de la pièce, son interrogation sur la vérité et le mensonge, sur la réalité et l'imaginaire, sur la prise de pouvoir dans le couple. Le texte de Pinter joue sur toutes les tonalités, du polar au drame domestique, en passant par l´etude sociologique non dépourvue d´humour. L' écriture au phrasé saccadé, qui laisse place à des silences confondants, est merveilleusement servie par Micha Lescot, Mathieu Amalric, Laurent Poitrenaud et Valérie Dashwood, tous les quatre remarquables.

Quelle liberté Ludovic Lagarde laisse t-il à ses comédiens ?

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31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 10:12

James Thierrée présente son nouveau spectacle au théâtre du Châtelet. Que les amateurs des envolées lyriques du comédien-circassien et de sa troupe soient prévenus : le James Thierrée de Room commence sa mue. Un corps qui ne peut plus tout à fait assumer les acrobaties incroyables de virtuosité ancre de plus en plus au sol l'artiste. Thierrée y voit l'occasion de s'ouvrir à d'autres modes d'expression. Pour la première fois dans une de ses créations, les personnages parlent de façon compréhensible et James Thierrée y incorpore des chansons.

Quant au propos du spectacle, de l'aveu même de James Thiérrée, il n'y en a aucun. Pas de ligne conductrice, pas de cadre. Pourtant, depuis la salle, il nous semble percevoir une mise en abîme des affres de la création, la perte d'inspiration, les cauchemars qui réveillent l'artiste à la veille d 'un spectacle, les questions existentiels qui naissent du travail du créateur, l'obsession de bâtir, la nécessité de faire sens.

Sur scène, un architecte-metteur en scène (James Thierrée) et son assistant (Alessio Negro) travaillent sur des plans pour bâtir The Room, habiller et occuper l´espace, faire spectacle. De hautes parois de murs, jusqu´ici au sol seront dressées à différents moments du spectacle, virevoltant, pour composer un cadre jamais satisfaisant. Entre-temps, une dizaine d´artistes comédiens, chanteurs (dont Sarah Manesse qui impressionne particulièrement), musiciens barrés (dont Anne Lise Binard très drôle) et accrobates (dont Ching-Ying Chien, impressionnante) se lanceront dans des saynètes folles où l'on croisera un lézard aux allures de Spider-Man, un frelon, une psy hystérique, un ballet de mannequins... La musique, depuis toujours très présente, est ici jouée live et James Thierrée chante. Le spectacle se fait et se défait ainsi laissant voir l'arrière des décors, les machinistes.

Pendant 1h45, le "n´importe quoi", dénoncé par le créateur lui-même, enchante.

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 17:29

Doully, c´est une petite blonde avec une voix de mec bourré. Une nana qui a goûté à toutes les drogues, les interdites et les autorisées, et qui a tout stoppé. Doully c´est également une ex Dame pipi, une ex serveuse, une ex gogo danseuse, une actrice bénévole dans le rôle d´une prostituée morte filmée de dos pour le cinéma. Une comédienne qui a roulé sa bosse et qui se trimballe une saloperie de maladie de Charcot.

En 1h15, Doully nous plonge avec une auto dérision maximale dans ses explorations effectuées depuis l´age de 15 ans. Au passage les hippies, les hipsters, le Bio, les drogués entre autres, en prennent pour leur grade.

C´est souvent inattendu, extrêmement drôle avec une densité assez exceptionnel. Une phrase, un rire.

En plus d´être hilarante, surprenante et unique, Doully est extrêmement sympathique.

Doully s'écoute aussi sur France Inter dans l'émission C'est encore nous.

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17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 21:57

La salle intimiste du théâtre de la Gaieté Montparnasse sied parfaitement aux spectacles qui nécessitent que le public soit au plus près de l'artiste. Une configuration parfaite pour Larsene qui fait monter sur scène, à chaque numéro, une ou deux personnes, ajoutant à l'occasion l'intervention de spectateurs en salle.

C'est donc à un spectacle très participatif que nous convie le magicien-mentaliste énervant. Dans un premier temps, Il impressionne tout particulièrement par la rapidité et la stupéfiante dextérité avec laquelle il manipule les cartes. Puis, très vite il enchaîne les numéros plus sophistiqués, utilisant à plusieurs reprises la vidéo (ce qui a bien moins de charme d'ailleurs). Chaque fois, il implique avec humour et une belle répartie ses assistants d'un soir, qui, au plus près des manipulations de l'artiste, n'y voient que du feu. Le numéro final dit "du journal" achève de nous estomaqué.

C'est impressionnant, drôle et, il est vrai, aussi positivement énervant.

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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 19:56

Tania de Montaigne nous invite à réfléchir sur le concept de race.

A base d' expériences personnelles, de faits historiques, de vidéos, de citations racistes et de celles d'humanistes, elle dessine les multiples situations dans un quotidien ordinaire jusqu'aux actions violentes où une personne est stigmatisée, catégorisée en raison de sa couleur, de la forme bridée de ses yeux, de la forme de son nez, de sa religion... 

Une démonstration édifiante, qui mêle humour et sérieux, de l'impact du concept de race sur nos vies et notre façon de penser, consciente ou inconsciente.

A voir en Replay sur Francetv.fr

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1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 20:43

Bernard Kurmann, spécialiste du comportement, a la possibilité de modifier des moments de sa vie. Son obsession : ne jamais être tombé amoureux d'Antoinette. Mais jusqu'où faut-il modifier sa biographie pour atteindre cet objectif ?

Frédéric Bélier Garcia met en scène la pièce de Max Frisch, entre rêve et réalité. Sa mise en scène laisse voir, sans tapage, la mise en abîme du jeu dans le jeu, du théâtre dans le théâtre. L'étrangeté du propos est éclairée par sa scénographie et la précision des comédiens. José Garcia, en homme perdu, Isabelle Carré, en femme insaisissable, et Jérôme Kircher, en meneur de jeu qui souffle sans cesse le chaud et le froid, sont magistraux. Ils sont accompagnés d'Ana Blagojevic et Ferdinand Regent-Jappey, excellents eux aussi.

Présentée au théâtre du Rond Point en mars 2022, Biographie : un jeu a été filmée par François Hanss dont la réalisation sert parfaitement la pièce. A voir sur France.tv jusqu'au 23 octobre 2023.

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 19:39

Glenn Gould né en 1934 au Canada. Il est le fils unique arrivé tardivement dans la vie d'une femme qui se rêvait concertiste. A défaut, elle met son fils au piano dès l'âge de 3 ans et l'entraîne plusieurs heures par jour. Glenn Gould hérite de son hypocondrie, développe un trouble du spectre autistique et devient l'un des plus grands pianistes de l'Histoire.

Ivan Calberac prend le parti-pris de dessiner le portrait de Gould à travers la relation que le pianiste entretenait avec deux femmes : sa mère toxique mais adorée et Jessie, sa jeune cousine enamourée et confidente. Il conte chronologiquement l'évolution professionnelle vertigineuse et le mal être grandissant de l'artiste en adoptant une double tonalité mariant l'humour au drame. Cela fonctionne efficacement bien que le choix de l'humour semble un peu incongru tant le destin de Gould ne prête pas à rire.

La mise en scène, qui utilise astucieusement des moments cinématographiques, donne du rythme à l'ensemble.

Thomas Gendronneau est impressionnant dans le rôle de Glenn Gould. Il est entouré de Josiane Stoleru, Bernard Malaka et de Lison Pennec, tous trois excellents.

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 17:13

Sur une très belle musique de Thomas Bangalter (l'ex Daft Punk), le chorégraphe explore les mythes antiques et d'autres contemporains.

Sur la scène 10 danseurs de l'opéra national de Bordeaux et 10 danseurs de la troupe de Preljocal, dans la fosse, l'orchestre de chambre de Paris. Une vingtaine de tableaux se succèdent convoquant tous les danseurs ou des duos/duels.

La réalisation de Tommy Pascal sans restituer la magie du Live présente une réalisation aux plans larges et longs qui laisse voir la très belle chorégraphie, la mise en scène et la grâce des danseurs.

A voir en Replay sur France.tv jusqu'au 15 octobre 2023.

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30 mars 2023 4 30 /03 /mars /2023 22:32

Dans le cadre de la rétrospective consacrée à l'œuvre d'Anna-Eva Bergman au Musée d'Art Moderne, la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker présente sa nouvelle création 5Aron.

La danseuse Marie Goudot, accompagnée au piano par Alain Franco, investit le 6e étage du musée en 5 tableaux dans lesquels de Keersmaeker questionne : comment incarner l'abstraction. C'est beau et hypnotique.

A ne pas manquer du vendredi 31 mars au dimanche 2 avril de 14h à 17h30.

cliquez ici pour lire la présentation par Rosas

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18 mars 2023 6 18 /03 /mars /2023 09:00

Depuis 2 ans de façon épistolaire, Thierry Lhermitte interprète une adaptation du livre de Simon Wiesenthal dans lequel l'auteur se remémore ce jour de 1942 où un soldat SS mourant lui a demandé un pardon qu'il n'a pas pu lui donner. Wiesenthal s'interroge, regrette, culpabilise. Aurait-il dû accorder son pardon ?

L'histoire de Simon Wiesenthal est importante, et son questionnement passionnant a interpellé de nombreux intellectuels qui ont tenté d'y apporter une réponse. Sur scène, Thierry Lhermitte interprète Simon Wiesenthal, les gens qu'il a croisé, le soldat SS. Les réponses de Simone Veil, du philosophe Olivier Abel, de l'écrivain Roger Ikor, d'un militaire américain... sont intercalées, dans le récit, en voix off illustrées par des vidéos particulièrement laides sans aucun intérêt narratif ou esthétique. Ainsi, c'est dans sa mise en scène que cette adaptation théâtrale pêche. En plus de ces vidéos, Steve Suissa, le metteur en scène, a ajouté en fond de scène un rideau noir qui s'écarte régulièrement figurant une porte qui s'ouvre sur une lumière bleue ou rouge ou autre. Une musique s'immisce, de temps en temps, se superposant à la voix de Thierry Lhermitte. Ces artifices grossiers desservent le propos de Simon Wiesenthal et l'interprétation de Thierry Lhermitte.

La vaste question du pardon que soulève Simon Wiesenthal méritait un écrin d'une bien plus grande délicatesse.

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4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 23:22

Géraldine Martineau, pensionnaire de la Comédie Française, met en scène la pièce du dramaturge Norvégien Henrik Ibsen. Elle y interprète également avec force le personnage principal d'Ellida mariée à un homme bon, plus âgé, déjà père de deux jeunes filles, le docteur Wangel. Sa vie pourrait être paisible si un mal étrange ne la rongeait, la ramenant sans cesse vers la mer.

Cette pièce entre réalisme féministe et onirisme, semble, si l'on se base sur le peu de fois où elle fut montée en France, extrêmement complexe à mettre en scène. La proposition ici ne convainc pas tout à fait sans que l'on sache très bien si cela est dû à la pièce elle même ou aux partis pris ici.

Géraldine Martineau relève la gageure de faire cohabiter maison, fjords, mer, marécages et montagnes dans une scénographie efficace de Salma Bordés et une très belle mise en lumière de Laurence Magnée. 

Les jeunes comédiens du Français, Elisa Erika,  Léa Lopez et Adrien Simion sont parfaits. Alain Lenglet dans un rôle décalé et Clément Bresson font le job. Géraldine Martineau est incandescente dans le rôle d'Ellida. Tandis que Laurent Stocker déçoit, ce soir en tout cas. Son interprétation très détachée l'est trop, alors que le personnage s'inquiète de voir s'éloigner sa bien aimée au point de convoquer son ami Arnholm interprété par le très bon Benjamin Lavernhe.

A plusieurs reprises, sur de courts échanges, les acteurs ne jouent pas tout à fait dans le même rythme. Ils ne semblent pas bien calés. Cela se joue à peu mais les comédiens de la CF nous ont habitué à une plus grande précision. Est-ce dû au peu de répétitions accordées à la pièce qui est considérée comme une reprise (elle était prête à être jouée avant que le confinement ne vienne tout arrêter, depuis 5 des 8 acteurs ont changé) ? Aussi, les scènes du couple Ellida - Wangel sont très répétitives et on lit mal les sentiments qu'Ellida porte à son ancien amour trahi. Est-ce dû à la traduction ?

Il y a beaucoup de belles choses dans cette proposition de Géraldine Martineau mais il manque un "je ne sais quoi" pour que l'ensemble nous emporte totalement.

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10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 16:30

Françoise Gillard créé et met en scène cet hommage à l'un de nos plus grands chanteurs conteurs de notre temps qui fête ses 50 ans de chansons. Elle est accompagnée sur scène par cinq comédiennes, représentant plusieurs générations - Danielle Lebrun, Coraly Zahonero, Claire de la Rue du Can, Yasmine Haller et Emma Laristan - et par trois musiciens - Yannick Deborne, guitariste, Mathieu Serradell aux claviers, Florence Hennequin au violoncelle.

Dans un décor cosy de salon-cuisine, les 6 comédiennes dessinent le portrait du chanteur, entre anecdotes, extraits d'interview et chansons aux textes éloquents. Le ton est à la soirée au coin du feu, une discussion entre filles (à la vanille). Elles chantent seules (mention spéciale pour Yasmine Haller) ou ensemble très joliment, s'appropriant Les chansons dont les orchestrations donnent à entendre particulièrement les textes. La proposition est ainsi fort agréable, au point que sa courte durée (1 heure) frustre un peu.

A voir jusqu'au 5 mars.

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9 février 2023 4 09 /02 /février /2023 19:08

Tous les lundis et mercredis soirs, Édouard Baer investit la scène du théâtre de la Porte Saint-Martin dans les décors très 80's de la pièce qu'interprète Chantal Ladesou les autres soirs.

C'est donc dans un écrin très kitch, qui sied parfaitement à son grain de folie, que le comédien-auteur-metteur en scène convie une ribambelle d'artistes aux talents divers et majoritairement loufoques. Le casting changeant semble t-il tous les soirs, ce mercredi 9 février, ce sont plusieurs comédiens dans des rôles comiques dont Atmen Kelif en Fernandel, Alka Balbir en compagne jalouse, une Miss météo marine, l'unique acteur de la troupe Chienne de vie, un chanteur à textes déprimé, un rocker en peine avec la technique, l'incontournable Mister Pat... mais aussi une vraie chorale, de vrais danseurs dont Sofiane Chalal, le guitariste Tito el Fances, le pianiste (de Barbara) Gérard Daguerre, le costumier Michel Dussarat, le tampographe Vincent Sardon...

Édouard Baer est parfait en Monsieur Loyal servant parfaitement ces artistes qu'il présente et accompagne parfois. Il est en grande forme et donne de sa personne, parodiant de façon hilarante le jeux des comédiens de vaudeville, chantant avec sincérité, se lançant dans des digressions dont lui seul a le secret, interrogeant le public...

Édouard Baer équipé de son humour pince sans rire et de sa réelle curiosité pour les autres nous propose 1h45 d'un spectacle inclassable absolument réjouissant.

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19 janvier 2023 4 19 /01 /janvier /2023 21:36

Hamm, vieillard, aveugle coincé dans un fauteuil roulant et Clov, son serviteur et fils adoptif, semblent être les derniers hommes sur une planète où toute vie a disparu.  Hamm convoque ses parents pour les punir de l´avoir placé là, en appel à un Dieu qui n´existe pas, pleure les rêves qu´il ne fait plus, se conte l´histoire d´une rencontre avec un enfant qu´il a vu grandir, martyrise Clov le seul qui lui donne encore l´impression d´exister.

Beckett interroge le sens de la vie et plus largement l´utilité de l´Humanité toute entière. Une vie terrestre qui est sans recours où l´absurde domine où la seule beauté vient de la nature, du soleil et de la mer. Son pamphlet fait place à un humour féroce particulierement bien servi ici par le génialissime Denis Lavant. Il donne à Clov une démarche accidentée par des jambes raidies par la douleur et précipitée dans le soucis de répondre aux demandes de Hamm. Ses silences sont imposants. Face à lui, dans un fauteuil roulant au centre de la scène, Frédéric Leidgens est magistral. Son phrasé précis fait merveilleusement bien entendre le texte de Beckett. Peter Bonke et Claudine Delvaux incarnent les parents de Hamm.

La mise en scène de Jacques Osinski et le décor qui se révèle derrière l´impressionnant rideau de fer du théâtre affirment l´enfermement et l´isolement des deux personnages. Une étrange odeur de moisie, la couleur grise des murs, les fenêtres hautes quasi-inaccessibles, les containers rouillés et la lumière blafarde et aveuglante du plafonnier oppressent un peu plus.

A voir jusqu´au 5 mars 2023 du mardi au dimanche à 19h.

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11 janvier 2023 3 11 /01 /janvier /2023 23:18

En 2018, Frédéric Moulin découvre une boîte en carton ayant appartenu à Louis, son grand-père. Au milieu de papiers administratifs, il trouve un dossier sur lequel est indiqué "Documents de M.Morgenstern confiés à Lyon en 1941 ou 1942. A rendre à M.Morgenstern en cas de demande".

Frédéric Moulin se lance alors dans des recherches pour comprendre quels liens unissaient Louis Moulin et Léopold Morgenstern.

Frédéric Moulin, comédien et metteur en scène, a transposé cette enquête en pièce de théâtre attribuant son rôle à une héroïne (Sabine Moindrot, parfaite) et en s'octroyant l'interprétation des personnes qu'il a interrogées lors de ses recherches.

La mise en scène simple repose sur un voile blanc qui fait notamment office d'écran ; les photos des protagonistes et les papiers administratifs qui permettent de retracer leurs parcours y sont projetés ; et d'un bureau sur lequel s'étalent les dits documents que l'héroïne consulte.

L'exposition de cette enquête sous sa dimension énigmatique et émotionnelle et dans sa part historique et documentaire, lui confère une puissance romanesque remarquable. En parvenant à trouver les tons justes (du rire aux larmes en passant par la colère et beaucoup de doutes) pour conter les multiples dimensions de cette histoire, à la fois récit de la découverte d'un trésor, introspection familiale, avis de recherche, enquête historique, témoignage de l'antisémitisme et de la traque des juifs, Frédéric Moulin offre à voir une pièce inclassable.

Lors de la représentation du 11 janvier, était présent Robert Singer, petit-fils de Léopold Morgenstern que Frédéric Moulin a retrouvé en juin 2022 et auquel il a pu remettre les documents de son grand-père.

A voir au Studio Hebertot les lundis et mardis à 19h et les mercredis à 21h jusqu'au 31 janvier 2023.

 

PS : Déjà jouée en 2021 et 2022, nous avions déjà pu dire tout le bien que nous pensons de cette oeuvre Lire le post sur la pièce ICI 

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5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 00:32

De l´opéra rock composé par Michel Berger et écrit par Luc Plamondon, sont nés une dizaine de tubes ou standards de la variété française. Depuis leur création en 1979 par France Gall, Daniel Balavoine, Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, ces chansons ont été reprises par tous, artistes professionnels et chanteurs de karaoke. Du livret, il ne restait pas grand chose dans la culture populaire. On en avait oublié que le blues du businessman était celui de Zéro Janvier, politicien aux relents fascistes, que le SOS d´un terrien en détresse était lancé par un révolutionnaire violent, que le Underground café de la serveuse automate n´avait pas de l´Underground que le nom. 

Thomas Jolly redonne à Starmania sa vision apocalyptique du monde, celle de l´an 2000 à l´aube des années 80. Et révèle à quel point cette dystopie sous forme d´opéra rock était, sur de nombreux points, visionnaire.

Dans une scénographie grandiose, basée sur des jeux de lumières époustouflants qui transportent les chanteurs et glissent jusque sur le public, dans une mise en scène qui utilise de façon artistique et signifiante la vidéo, qui déploie des voiles et une astucieuse et immense double tour-escaliers, Jolly plante le décor de Monopolis où le chao règne.

Sa mise en scène ne ménage pas les chanteurs qui escaladent et descendent ces escaliers tout en tenant leur répertoire. De jeunes chanteurs, inconnus pour la plupart et assez bluffant également. Côme est époustouflant dans le rôle de Johnny Rockfort et particulièrement dans son interprétation du SOS qui n´a rien a envier à celles mémorables de Daniel Balavoine et Grégory Lemarchal. Gabrielle Lapointe relève la difficile tâche de reprendre le rôle de France Gall à laquelle un délicat et émouvant hommage est rendu. David Latulipe nous scotche littéralement avec son Blues du businessman. Alex Montembault tout en délicatesse est une parfaite Marie-Jeanne. Magali Goblet est une puissante Stella Spotlight. Adrien Fruit est parfait d´ambiguïté dans le rôle de Ziggy. Ils sont accompagnés par 6 musiciens Live.

Sidi Larbi Cherkaoui assure les (discrètes) chorégraphies tandis que les costumes (sans grand intérêt) sont signés du couturier Nicolas Ghesquieres.

Certes les textes du livret ne sont pas d´une grande écriture et le traitement du récit est un peu adolescent. Certes le personnage du gourou offre peu, voir, aucun intérêt. Et certes, et c´est moins acceptable, la qualité du son est déplorable. Mais ce spectacle de près de 3 heures est d´une beauté à couper le souffle. Visuellement éblouissant, bourré de poétiques et vénéneuses idées de mise en scène et musicalement réjouissant. Il nous  laisse à la fois émus et troublés par la violence et la proximité de son récit et pleins de ces mélodies inoubliables.

A ne pas rater à la Seine Musicale jusqu´au 29 janvier puis en tournée dans les Zénith, et de retour à la Seine Musicale à partir du 14 novembre 2023.

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22 décembre 2022 4 22 /12 /décembre /2022 21:16

Les chanteuses Clarika et Maissiat et le comédien-metteur en scène Emmanuel Noblet ont créé ce spectacle hommage à l'académicien, auteur, dialoguiste, scénariste Jean-Loup Dabadie.

Tous trois sur scène, accompagnés par Mathieu Geghre, jouent et chantent les mots de Dabadie. Ils recomposent une histoire d'amours et de rencontres avec les extraits des dialogues des films de Sautet (César et Rosalie, Max et les Ferrailleurs, Vincent, François, Paul et les autres, Une histoire simple, Garçon!), d'Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au Paradis, Courage Fuyons, Salut l'artiste, Clérambard), mais aussi Violette et François de Jacques Rouffio, Clara et les chics types de Jacques Monnet, Le Sauvage de Rappeneau, Attention une femme peut en cacher une autre de Georges Lautner ainsi que des chansons de Michel Polnareff, Julien Clerc, Serge Reggiani, Jacques Dutronc, Régine... tous écrits par Dabadie.Astucieusement associés, ces extraits se mélangent avec fluidité, créant émotion et rire.

La mise en scène tout en fausse simplicité autour d'une structure mouvante faite de trois voiles blancs, entre écran de cinéma, mur et voiles de bateau, sépare ou rassemble, cache ou laisse voir les comédiens en ombres chinoises.

Si aux premiers instants, on se prend au jeu des comparaisons - Clarika n'est pas Romy Schneider et Emmanuel Noblet ne joue pas comme Yves Montant - très vite on s'abandonne à la proposition des quatre artistes en scène. La magie opère et l'émotion envahie tout.

A voir jusqu'au 31 décembre.

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 22:42

Le Roi Lear entre au répertoire de la Comédie Française avec une mise en scène de Thomas Ostermeier.

Le metteur en scène Allemand, qui a déjà adapté Shakespeare au Français en 2018 avec La Nuit des Rois choisi là encore de faire appel au  traducteur Olivier Cadiot qui présente une traduction alerte qui se laisse entendre et comprendre aisément, le propos étant à la fois effrayant et drôle.

Côté mise en scène, c'est dans un paysage de lande dans la brume, sur un fond noir qui semble infini et où brillent quelques astres, que se joue l'histoire de ce roi vieillissant, manipulateur et manipulé. Comme sur La Nuit des Rois, Ostermeier prolonge la scène par une rampe qui traverse l'orchestre et qu'empruntent les personnages arpentant les territoires du royaume. La salle est régulièrement éclairée et les comédiens jouent avec les spectateurs qu'ils interpellent, prennent à témoins.

La troupe du Français est parfaitement représentée. Denis Podalydes (excellent) est Lear, Marina Hands, Jennifer Decker et Claina Clavaron, ses filles, Stéphane Varupenne, son fou. Kent est ici une femme en la personne de Sephora Pondi. Eric Genovese est Gloucester, Christophe Montenez (tout simplement génial) et Noam Morgenztern, ses fils. Gaël Kamilindi et Nicolas Chupin complètent la troupe.

En ce 17 novembre, salle Richelieu, après environ 1 heure 10 de représentation, Eric Genovese a interrompue Sephora Pondi et Gaël Kamilindi en plein duel à l'épée, annonçant qu'un des comédiens s'étant blessé, la représentation était suspendue pour quelques instants, puis finalement définitivement interrompue.

La plupart des critiques sont sévères avec la pièce, sa mise en scène, son adaptation.

S'il est difficile de donner un avis complet sur la proposition faite, le plus que 1er tiers vu donne très envie de découvrir la suite.

 

 

 

 

 

 

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